Mercredi, 18 mars 2020
À Lyon, l’école des beaux-arts est fermée depuis ce lundi, elle est comme une coquille vide. Je me souviens de la carte que nous avions tracée sur le sol à la rentrée, en réponse aux questions : d’où venons-nous ? Et : où sommes-nous ? Nous avions positionné les 4 points cardinaux et le fait d’être à 163 m d’altitude. J’avais parlé du « sentiment géographique », de l’importance d’être en bordure de Saône, rivière lente qui nous relie au point où elle nait, à environs 480 km de là, dans les Vosges.
Après l’annonce brutale de la fermeture du vendredi, une partie d’entre vous s’est disséminée illico dans toute la France, juste avant la déclaration du confinement de lundi. D’autres sont resté
es à Lyon. L’atelier commun s’est atomisé en divers lieux, à la ville ou à la campagne, là où nous nous trouvons.Le chamboulement de l’organisation des lieux, ainsi que cette situation particulière de confinement, sont l’occasion d’aller chercher des choses en soi, et notamment de mettre à l’ouvrage notre très ancestrale capacité d’habiter, d’inscrire l’être et l’action dans l’espace. Les technologies qui permettent de substituer le distanciel au présentiel ont certes un grand intérêt, si cette situation perdure il sera intéressant de voir comment les utiliser en interrogeant vraiment l’espace qu’elles créent…
Mais, pour l’instant, me semble plus féconde l’idée d’échanger et travailler autrement, en acceptant l’ouverture que crée cette déstabilisation, en ne remplissant pas le vide par le plein équivalent, en prenant plutôt des chemins de traverses. Je me demande où serait le nouveau centre (si on considère que l’école était l’ancien) et quelle sorte de cartographie pourrait rendre compte d’une nouvelle forme d’atelier : un atelier éclaté qui déplace la relation présence/absence et établit une coprésence à une autre échelle, dans une conscience commune qui fait lien.
Être confiné
e, serait-ce la possibilité de déplier d’autres capacités de l’espace et du temps, d’aller chercher le plus vaste dans l’attention au plus fin ? Comme une fenêtre qu’on ouvre, je partage avec vous ma relation graphique d’une très belle promenade en montagne avec la chorégraphe Catherine Contour en juin 2019 :